Alliés avec Eiffage pour construire les premiers réacteurs nucléaires EPR2
Interview : Antoine Bour, Directeur Matériel chez Eiffage Génie Civil
Près de quinze années de travaux, un marché de plus de 4 milliards d’euros, 8 000 salariés sur le pont au moment du pic d’activité… À Penly (Seine-Maritime), l’entreprise Eiffage mène un projet hors norme qui doit conduire à la mise en exploitation de deux réacteurs nucléaires de technologie EPR2. La puissance de ces unités permettra de produire l’équivalent de la consommation électrique actuelle de la région Normandie. Antoine Bour, directeur matériel chez Eiffage Génie civil pour les activités terrassement et démolition, détaille les enjeux de l’aventure industrielle en cours et explique pourquoi l’appui de TotalEnergies Lubrifiants France revêt une importance cruciale.
En quoi consistent les opérations dont Eiffage Génie civil assure la supervision sur le site des futurs réacteurs EPR2 de Penly ?
Il y a tout d’abord les travaux préliminaires, qui ont débuté en juillet 2024 et vont se poursuivre jusqu’en 2027. Il s’agit essentiellement de dégager des emprises et d’aménager des zones foncières pour pouvoir ensuite construire les nouveaux ouvrages de production électrique.
Cette première phase de travaux se divise en trois sous-parties : le terrassement d’une falaise d’une centaine de mètres de hauteur, ce qui nécessite de mobiliser 150 machines pour déplacer environ 2,2 millions de mètres cubes de terre à une cadence élevée ; la préparation du bloc usine destiné à accueillir les deux réacteurs nucléaires EPR2, où les matériaux à extraire sont des craies particulièrement dures et compactes ; la réalisation d’une digue de 1 300 mètres linéaires sur la mer de manière à étendre la surface disponible, un peu à l’image de ce que font les néerlandais avec les polders.
À partir de 2028, nous coulerons les premiers bétons et basculerons dans la mise en œuvre de tout ce qui touche au process nucléaire. Pas moins de 80 bâtiments d’exploitation sortiront alors de terre dans la perspective d’une mise en service des réacteurs à l’horizon 2038.
Quels types d’équipements de travaux publics sont mis en œuvre sur le chantier ?
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Les 150 engins mobilisés se composent en majeure partir de moyens mécaniques traditionnels – pelles hydrauliques sur chenille, dumpers articulés, bulldozers –, avec cette particularité que les formats sont très imposants, au maximum de ce qu’on peut voir sur les chantiers de terrassement en Europe.
Pour illustration, nous nous sommes dotés d’une pelle Volvo EC 950F de 105 tonnes et d’échelons de transport composés de tombereaux articulés affichant 45 à 60 tonnes de charge utile ! Face à la nécessité d’extraire certaines craies extrêmement denses par ripage, c’est-à-dire en venant arracher le matériau à la matrice dans laquelle il est piégé, nous avons mené une réflexion poussée.
C’est ainsi que nous avons retenu la machine Caterpillar D11, principalement utilisée dans les mines d’Amérique du Sud et d’Australie. Il s’agit là du plus gros bulldozer produit par Caterpillar, affichant un poids total de 104 tonnes et une puissance dépassant les 850 chevaux. Son utilisation sur un chantier de terrassement constituera une première en France, et peut-être même en Europe.
Nous parlons là d’un matériel très coûteux mais dont la présence est rendue nécessaire par les défis techniques et calendaires auxquels nous sommes confrontés. Les équipes pourront aussi compter sur deux pelles hydrauliques Hitachi EX 1200 dont les bras ont fait l’objet de modifications spécifiques pour le ripage.
L’idée est de pouvoir disposer de solutions complémentaires pour avoir la garantie que les opérations de déroctage pourront se dérouler même en cas d’aléa de type panne ou conditions météorologiques défavorables.
De quelle manière TotalEnergies Lubrifiants France vous accompagne-t-il à Penly ?
L’une des dimensions les plus appréciables de notre partenariat réside dans la rationalisation des approvisionnements. Comme tous les groupes du BTP, nous faisons appel à de nombreux types d’engins, fabriqués par des marques différentes et de générations diverses. Si l’on suit les préconisations des constructeurs, on peut donc se retrouver à devoir gérer un nombre incalculable de références d’huiles et de produits de graissage.
Sur un chantier comme celui de Penly où le nombre d’engins utilisés à un instant T est très important, la difficulté deviendrait vite insoluble – d’autant plus que les zones de stockage sont relativement limitées et pas extensibles. Sans parler des règles environnementales et logistiques, qui impliquent une gestion maîtrisée de l’ensemble des fournitures !
Grâce à leur expertise, nos interlocuteurs chez TotalEnergies Lubrifiants Automotive France sont en mesure de proposer des changements de produits pour nous accompagner de sorte à limiter le nombre de références, de défendre ces propositions auprès des constructeurs de manière à prévenir les litiges et de garantir que les modifications préconisées n’auront pas d’impact sur le bon fonctionnement des organes mécaniques.
C’est une aide inestimable. Elle s’accompagne de la mise à disposition, pour certaines références, de cuves équipées d’outils télématiques grâce auxquels les commandes sont déclenchées au moment opportun, évitant ainsi tout risque de pénurie.
En termes de services, quels est à vos yeux la plus-value apportée par TotalEnergies Lubrifiants Automotive France ?
Je pense d’abord aux efforts consentis pour tenir à jour les plans de graissage et les rendre accessibles à l’ensemble des personnes sur qui repose le maintien en conditions opérationnelles de notre parc de matériels. C’est une condition indispensable pour prévenir les erreurs d’introduction qui pourraient entraîner des préjudices en matière de garantie mais aussi, potentiellement, la défaillance des machines concernées.
Je retiens également la solution de suivi des huiles avec le service LubAnac. L’analyse des prélèvements que nous réalisons sur les machines en fonctionnement est vraiment un levier de sécurisation de nos process.
Dans un contexte où le prix des machines ne fait que croître, cette « prise de sang » quotidienne s’impose comme une précaution nécessaire pour repérer la dégradation éventuelle des paramètres et programmer les opérations de maintenance en conséquence, en cherchant notamment à optimiser les intervalles de vidange.
De manière générale, la relation avec vos interlocuteurs vous donne-t-elle satisfaction ?
L’équipe TotalEnergies Lubrifiants Automotive France est disponible et constructive, avec le souci d’entretenir un dialogue permanent pour nous apporter des réponses rapides et concrètes. Nous devons parfois régler des situations qui sortent de l’ordinaire, et pour lesquelles il est essentiel de pouvoir compter sur un partenaire de confiance.
Un exemple : certains constructeurs de machines ont parfois des réticences à agréer des produits lubrifiants qui ne sont pas exactement similaires à ceux qu’ils préconisent. Dans ce cas de figure, je sais que Stéphane Millot, l’ingénieur technico-commercial avec lequel je suis en contact, se fera fort de sourcer et d’agréger les informations les plus précises et actualisées pour construire un argumentaire convaincant.
Le soutien de Stéphane est déterminant pour nous permettre de dépasser les blocages, à plus forte raison sur un chantier comme celui de Penly où, compte tenu des difficultés rencontrées par le passé sur des opérations similaires, nous serons très surveillés sur la tenue des délais et du budget.
Rester vigilants, faire vivre la relation, organiser des points réguliers : tels sont les fondamentaux que nous partageons avec TotalEnergies Lubrifiants Automotive France pour réussir ce qui constitue pour notre Groupe un contrat de portée stratégique.
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Antoine Bour
Directeur matériel – Eiffage Génie Civil