Après une année 2024 encourageante marquée par une croissance de l’activité estimée à +2,3 %, le secteur des Travaux Publics aborde 2025 avec une dynamique contrastée. Les premiers mois de l’année confirment une certaine robustesse opérationnelle (+3,4 % en janvier, +2,7 % en février par rapport à 2024), bénéficiant de conditions météorologiques plus favorables que l’année précédente.
Cependant, cette dynamique de court terme ne masque pas certaines tensions structurelles préoccupantes. En effet, le secteur connaît une baisse significative des prises de commandes (-9,0 % sur janvier-février) liée à une contraction de la commande publique. Les collectivités locales et les grands projets d’infrastructures voient leurs budgets fortement impactés par des coupes budgétaires décidées par l’État, réduisant notamment les financements dédiés à la transition écologique et aux infrastructures territoriales. Ce contexte économique plus contraint invite à une certaine prudence quant aux perspectives à court et moyen termes.
Par ailleurs, au-delà des aspects purement conjoncturels, le secteur poursuit sa transformation structurelle en réponse aux impératifs écologiques. La décarbonation devient une priorité stratégique majeure, entraînant un recours croissant à l’économie circulaire : réemploi systématique de matériaux, recours accru aux granulats recyclés et optimisation logistique des approvisionnements. Les émissions liées aux matériaux représentant environ 60 % du total, ces démarches s’inscrivent désormais durablement dans les pratiques des acteurs.
Cette évolution du secteur des Travaux Publics s’accompagne aussi d’une modernisation technologique. L’intégration progressive de l’intelligence artificielle améliore déjà concrètement l’efficacité opérationnelle sur les chantiers : optimisation des ressources, anticipation des risques, augmentation de la sécurité et de la durabilité des infrastructures.
De grands projets structurants comme le Grand Paris Express, le Canal Seine-Nord Europe ou encore la liaison ferroviaire Lyon-Turin continuent par ailleurs à jouer un rôle stabilisateur important. Ces chantiers constituent des relais solides face aux fluctuations actuelles et soutiennent l’activité sur plusieurs régions.
Face à ce contexte contrasté, le secteur reste vigilant pour les prochains mois. La confirmation ou non de cette dynamique mitigée observée au premier trimestre sera déterminante pour orienter durablement les tendances d’activité en 2025. Le marché reste attentif aux signaux économiques et budgétaires ainsi qu’aux développements technologiques et environnementaux susceptibles de renforcer durablement sa compétitivité à moyen terme.